MONTRÉAL 1967 — SHANGHAI 2007: REFUGE DE LA MODERNITÉ
蒙特利尔 1967 — 上海 2007: 现代化的价值
2007
À l’invitation de la triennale Artefact Montréal 2007 – Sculptures urbaines, l’artiste travaille sur les impacts que peut engendrer la tenue d’une Exposition universelle. Quel est le prix de cette course effrénée au progrès?
Dans le contexte des Expositions universelles ou d’autres grandes manifestations internationales comme les Jeux olympiques, force est de constater que les populations demeurant sur les terrains en développement font les frais d'une gentrification sauvage (expropriation et déplacement autoritaires).
Avec ce projet, Caroline Hayeur met en relief plusieurs points de conjonction. Une première occurrence: Montréal et Shanghai sont des villes jumelées depuis plus de 25 ans. Une deuxième occurrence: la résidence d’artiste et la production d’une pièce à Shanghai par la photographe un an plus tôt en 2006.
Dans le cadre d’Artefact Montréal 2007 – Sculptures urbaines, l’artiste propose un regard croisé suscitant une critique visuelle du développement urbain via un face à face entre Montréal 1967 et Shanghai 2007. Cela se traduit sous forme de bannières photographiques et d'une construction architecturale positionnée en contrepoint (ce qu'elle nomme le « refuge »).
Vue d'ensemble de l'installation, Île Sainte-Hélène, Montréal, 2007 © Caroline Hayeur
Shanghai 2006-2007:
En 2006, Caroline Hayeur et Myléna Bergeron bénéficient d’une résidence d’artistes au Duolun MoMA (Shanghai Duolun Museum of Modern Art). Celle-ci débouche sur la performance vidéo-musique MAPPING TERRITORIES: A SHANGHAI STORY.
Le travail porte sur les mutations de la ville en général et sur sa vitesse de transformation dans le contexte de l’Exposition universelle de 2010 de Shanghai. La photographe a rapporté une banque d’images impressionnante de cette révolution urbaine.
Montréal 1967-2007:
C’est en effectuant des recherches d'archives sur le Montréal des années soixante qu’a été tissé un parallèle entre les deux villes. Certains grands projets urbains ont été ciblés tel: la Place Ville Marie, le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, le réseau de métro et surtout l’opération « Rénovation Bulldozer » dans le quartier de la Petite-Bourgogne avoisinant le site de l’Expo 67. Différentes sources iconographiques, des articles de presse de l’époque et autres données ont été collectés et édités.
Refuge de la modernité:
À la sortie du Métro Jean-Drapeau, les visiteurs sont acceuillis et guidés vers le site Artefact Montréal en plein air. Le « couloir » immersif et directif d'Hayeur peut rappeler par exemple les étroites rues et ruelles en Chine (dédales / labyrinthes). La forme que prend l’affichage des bannières fait écho aux dazibaos (« journal à grands caractères »), ces journaux officiels affichés sur panneaux dans la rue.
Les bannières sont fixées sur les grilles extérieures de la piscine de l'Île Sainte-Hélène. L’installation prend la forme d’un couloir où se font face les photomontages des mutations qu’ont connu, à plus de quarante ans de distance, deux villes hôtes d’une Exposition universelle. Elle dépeint les dommages collatéraux qui sont inclus dans le prix de la quête de modernité... d’un progrès en accéléré.
Pavillon « folie » REFUGE DE LA MODERNITÉ, Île Sainte-Hélène, Montréal, 2007 © Nancy Bergeron et Caroline Hayeur
Située dans le prolongement de ces « panneaux d’information » est érigée une « folie »* conçue avec l’architecte Stéphane Pratt. Cette « folie » fait écho aux pavillons nationaux associés aux Expositions universelles ou à certaines biennales d’art ou d’architecture mais contraste par sa petite échelle. Cette petite construction architecturale est offerte par l’artiste comme un refuge ou un kiosque ouvert aux quatre vents. Ainsi, c’est plutôt la figure de la pagode qui est conviée – citation libre des lieux de culte que l’on retrouve en Asie – qui fait le lien avec les « dazibaos » découverts en premier lieu.
Ici, la construction – tout comme les bannières / banderoles – fait référence, avec une certaine ironie et sans éviter les clichés, aux formes architecturales traditionnelles chinoises et asiatiques. Par sa disposition ouverte à tous les horizons, la pagode offre l’abri pour une pause contemplative ou méditative. Par contre, les matériaux utilisés sont contemporains: une toile de construction rouge surplombe la structure d’échafaudages en tubulaire de métal qui n’est pas sans rappeler le bambou.
* « Ces folies ornementales se caractérisaient par un aspect ludique, divertissant et inventif ; elles correspondaient au goût de l’époque pour les loisirs champêtres et pour une esthétique cherchant à reprendre les modèles de l’Antiquité. Certaines étaient très raffinées comme la célèbre folie de Bagatelle avec ses jardins préromantiques, tandis que d’autres étaient éphémères, comme les folies de Versailles que Marie-Antoinette faisait construire puis démolir pour les fêtes qu’elle donnait. »
– Centre d’art public - CAP
MONTRÉAL 1967 — SHANGHAI 2007: REFUGE DE LA MODERNITÉ
蒙特利尔 1967 — 上海 2007: 现代化的价值
Description technique:
– 5 bannières, impressions numériques sur Tyvek, 91 x 500 cm (36 x 197 po) chaque
– 1 pavillon « folie », matériaux d'échafaudage, toile de construction, dimensions variables.
Diffusion:
2007 – Exposition de grouppe en plein air, Triennale Artefact Montréal 2007 – Sculptures urbaines / Urban Sculptures, sous le thème « Petits pavillons et autres folies » soulignant le 40e anniversaire de l'Expo 67, Grilles de la piscine de l'île Sainte-Hélène et son prolongement
Crédit:
Recherche, photographies, conception et réalisation du projet: Caroline Hayeur
Conception et réalisation: Stéphane Pratt (pavillon « folie »)
Design et réalisation: Nancy Bergeron (toiture non rétractable)
Conception et impression des bannières: Caroline Hayeur avec Mathilde Martel-Coutu au Centre Sagamie, Alma
Triennale Artefact Montréal 2007 – Sculptures urbaines / Urban Sculptures
Exposition de groupe en plein air sur l’Île Sainte-Hélène (Montréal)
Du 27 juin au 30 septembre 2007
Commissaires: Gilles Daigneault et Nicolas Mavrikakis
Thème: « Petits pavillons et autres folies »
Produit par le Centre d’art public – CAP
« Le site choisi pour la 3e édition de l’événement Artefact Montréal réunit toujours les trois éléments suivants : 1) c’est un lieu
"nomade", c’est-à-dire qu’il est différent à chaque fois ; 2) il constitue un lieu important et particulièrement significatif sur
le territoire de l’île de Montréal ; 3) il est déjà fréquenté par le "grand public".
Pour Artefact Montréal 2007, c’est une partie du site de l’Exposition universelle de 1967 qui accueillera les œuvres des artistes. La tenue d’une Exposition universelle, en effet, constitue toujours un moment marquant, voire un point tournant pour la ville hôte, comme ce fut le cas pour Montréal qui, à partir de cette date, s’est littéralement transformée et a acquis une véritable ouverture sur le monde. L’été 2007 marquant le 40e anniversaire d’EXPO 67, Artefact Montréal soulignera l’événement en invitant les artistes à "re-voir" le lieu en y intégrant des œuvres in situ.
Afin de rappeler la dimension universelle d’EXPO 67, les artistes proviennent des cinq continents. En plus de concevoir une œuvre éphémère d’une durée de trois mois, ils sont confrontés au défi assurément fort stimulant d’imaginer une proposition en fonction d’un lieu fortement chargé de mémoire. Ces artistes sont notamment choisis pour l’intérêt qu’ils portent aux réalisations extérieures et pour leur expertise en ce domaine.
Les œuvres seront disséminées sur un parcours conçu pour se faire à pied en moins de 90 minutes — ou à vélo en un temps plus court, pour ceux et celles qui le désirent. Le point de départ sera la station de métro de l’île Sainte-Hélène — un lieu facile d’accès et hautement achalandé. »
– Centre d’art public – CAP